En 2023, la gendarmerie nationale a relevé environ 700 braquages de petits commerces en France.
Le phénomène semble de plus en plus répandu.
Le 20H de TF1 a rencontré plusieurs commerçants victimes de ces vols violents.

Pied de biche à la main, deux hommes menaces puis attaquent l'employé d'une boulangerie. "C'est très violent, souligne Jean-Baptiste Pereira, le patron de cette petite entreprise de Crusnes (Meurthe-et-Moselle), face aux images de vidéosurveillance qui y ont été filmées en novembre dernier. Ils demandent la clé du coffre, mais il n'y a pas de coffre." Les malfaiteurs repoussent ensuite leur victime vers le fond du magasin, avant de la frapper. Le boulanger s'effondre alors. Dans la pièce juste à côté, la vendeuse tente de se cacher, mais elle est rattrapée et gazée par l'un des braqueurs. 

Près de 700 attaques de petits commerces en 2023

Il ne faut alors que quelques secondes à ce dernier pour ouvrir la caisse. Seulement voilà : celle-ci ne contenait qu'un fond de caisse de 100 euros, selon le patron de la boulangerie. Bilan : un déchaînement de violence, pour une somme dérisoire. Depuis, le boulanger agressé a repris son poste, mais il préfère encore rester discret. La vendeuse, choquée, a pour sa part été placée en arrêt maladie pendant plusieurs semaines. Dans ce village lorrain, le commerce avait déjà été cambriolé cette année. 

"J'ai installé des caméras, des alarmes... En dehors de ça, à part mettre un militaire devant la porte, il n'y a pas de recette miracle, se désole Jean-Baptiste Pereira dans le reportage du 20H à retrouver en tête de cet article. Après, aujourd'hui, c'est moi, demain, ce sera peut-être le voisin à côté..." Salons de coiffure, épicerie, pharmacie... Aucun commerce n'échappe aux braqueurs, à la recherche d'argent liquide. Des attaques violentes, pour quelques centaines d'euros seulement. Au total, la Gendarmerie nationale en a relevé près de 700 en 2023. 

Des braquages pour une poignée de billets

À Châteaugay (Puy-de-Dôme), derrière le comptoir de son bureau de tabac, Orane de Freitas ne travaille jamais sans sa bombe lacrymogène à portée de main. "Ça me rassure dans le sens où j'ai quelque chose pour me protéger, mais je ne sais pas si je m'en servirai s'il m'arrive quelque chose comme ça", admet la buraliste face à notre caméra. Son appréhension ne la quitte plus, depuis qu'elle a été braquée il y a deux ans. Ce jour-là, en pleine après-midi, trois hommes font irruption dans son magasin. 

L'un d'eux est armé d'un pistolet. "Je ne comprends pas ce qui m'arrive, se rappelle la commerçante. Je recule, je vois qu'il y a une arme et puis ils commencent à passer derrière, pour accéder à la caisse." Orane fait alors preuve d'un immense sang-froid. "J'ai commencé à hausser le ton et à leur crier dessus en leur demandant ce qu'ils faisaient, poursuit-elle aujourd'hui. Je me suis avancée. Ils ont alors eu un mouvement de recul et je leur ai dit : maintenant, vous sortez !" Déstabilisés, les malfrats prennent la fuite, avec comme seul butin un paquet de tabac à rouler. 

Ces agresseurs, visiblement inexpérimentés, risquent tout de même jusqu'à 20 ans de prison et 150.000 euros d'amende... pour une simple poignée de billets. "Ce phénomène se caractérise souvent par des personnes qui vont être seules et commettre un fait par opportunité, analyse Marie-Laure Pezant, porte-parole de la Gendarmerie nationale. C'est facilité par le fait qu'il y a souvent moins de moyens de protection dans ce genre de commerce." En un an, le nombre d'attaques armées de petits commerces a augmenté de 11% en France.


T.A. | Reportage TF1 Léa MERLIER, Simon HUMBLOT et Julien CLOUZEAU

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